D'un chapeau qui fleuronne La rose on ne couronne, Tes atours en ce point Ne te reparent point : Mais ce sont les parures De tes belles vetures Les luysantes beautez En toy de tous costez : Les pierres precieuses, Les robes somptueuses, En tes acoustrements Perdent leurs ornements. Aucun coral n'aprouche Du naïf de ta bouche, Couvrant sous sa fraicheur De tes dents la blancheur. Prés tes dents compassées, Les perles amassées Sur le bord Indien On ne priseroit rien. De tes claires prunelles Les flâmettes jumelles Obscurcissent l'éclat, Qui sous elles s'abat, Des emeraudes fines. Tes onglettes rosines Eblouissent le teint De l'onyce deteint.
Est-ce donques merveille, Si sa bouche vermeille, Ains Ceste de Cypris, M'a tellement surpris ? Et si ces gemmes rares Peurent mes yeux avares Et mon ame saisir D'un honneste desir De m'en faire un jour riche, Si sa grace non chiche Fait l'amoureuse mer Sous mes rames calmer ? Est-il qui s'ébaïsse, S'une telle avarice Me fit voguer soudain Vers un si riche gain ?
La nef Portugaloise Et la Normande voise Sous le lit jaunissant Où l'Aube, eclersissant Nostre demeure sombre De la nuit et de l'ombre, Abandonne endormy Son ja vieillard amy. Jusque aux bouts de la terre Un autre aille, et là serre Les joyaux étrangers Achettez par dangers De perilleux orages. Aux plus lointains rivages Du gemmeux oriant, Un autre aille triant, Par les greves pierreuses, Les pierres precieuses : Moy, tant que je vivray Icy je poursuivray Mon heureuse fortune, Nageant en l'amour d'une, Qui, riche de joyaux Plus riches et plus beaux, Apauvrist les rivages Des Indiens sauvages.