Peintre excellent, dont le pinceau subtil Peut imiter, voire passer Nature, Se faisant voir inimitable outil Alors qu'il trace une rare peinture,
Dis-moi, veux-tu sur un tableau tirer Le gai printemps et son fleuri visage, Où l'oei1 humain ne cesse de mirer, Ravi de voir quelque beau paysage ?
Il n'est besoin de peindre soutenu Le ciel d'un mont, ni Phoebus qui éclaire, Ni quelque nymphe ou satyre cornu, Ni des prés verts ni d'un fleuve l'eau claire [...]
Pourtrais sans plus la parfaite beauté De ma maîtresse et la prends pour modèle, Et tire au vif son corsage emprunté, Tu n'as besoin d'autre chose que d'elle.
De vert gaillard fournira son double oeil, Oeil de Minerve où verdit l'émeraude, Et d'abondant il sera le Soleil, Pour celui-là qui tout le monde rôde.
Ses blonds cheveux ondeusement épars, Où les Amours à l'échine volage Ainsi qu'oiseaux volent de toutes parts, Sont les rameaux et le joli feuillage.
Pour les Zéphyrs doucement ventelés, Pourra servir son vent et son haleine, Son front fournit de blancs lis et d'oeillets, Son respirer de thym et marjolaine...