Nous fûmes donc au château d'If. C'est un lieu peu récréatif. Défendu par le fer oisif De plus d'un soldat maladif, Qui, de guerrier jadis actif, Est devenu garde passif. Sur ce roc taillé dans le vif, Par bon ordre on retient captif, Dans l'enceinte d'un mur massif, Esprit libertin, coeur rétif Au salutaire correctif D'un parent peu persuasif. Le pauvre prisonnier pensif, À la triste lueur du suif, Jouit, pour seul soporatif, Du murmure non lénitif Dont l'élément rébarbatif Frappe son organe attentif. Or, pour être mémoratif De ce domicile afflictif, Je jurai, d'un ton expressif, De vous le peindre en rime en if, Ce fait, du roc désolatif Nous sortîmes d'un pas hâtif, Et rentrâmes dans notre esquif, En répétant d'un ton plaintif, Dieu nous garde du château d'If !