Chanson de Galathée, bergère
Arbres feuillus, revêtus de verdure,
Quand l'hiver dure on vous voit désolés,
Mais maintenant aucun de vous n'endure
Nulle laidure, ains vous donne nature
Riche peinture et fleurons à tous lez,
Ne vous branlez, ne tremblez, ne croulez,
Soyez mêlés de joie et flourissance :
Zéphire est sus donnant aux fleurs issance.
Gentes bergerettes,
Parlant d'amourettes
Dessous les coudrettes
Jeunes et tendrettes,
Cueillent fleurs jolies :
Framboises, mûrettes,
Pommes et poirettes
Rondes et durettes,
Fleurons et fleurettes
Sans mélancolie.
Sur les préaux de sinople vêtus
Et d'or battu autour des entellettes
De sept couleurs selon les sept vertus
Seront vêtus. Et de joncs non tordus,
Droits et pointus, feront sept corbeillettes ;
Violettes, au nombre des planètes,
Fort honnêtes mettront en rondelet,
Pour faire à Pan un joli chapelet.
Là viendront dryades
Et hamadryades,
Faisant sous feuillades
Ris et réveillades
Avec autres fées.
Là feront naïades
Et les Oréades,
Dessus les herbades,
Aubades, gambades,
De joie échauffées.
Quand Aurora, la princesse des fleurs,
Rend la couleur aux boutonceaux barbus,
La nuit s'enfuit avecques ses douleurs ;
Ainsi font pleurs, tristesses et malheurs,
Et sont valeurs en vigueur sans abus,
Des prés herbus et des nobles vergiers
Qui sont à Pan et à ses bergiers.
Chouettes s'enfuient,
Couleuvres s'étuient,
Cruels loups s'enfuient,
Pastoureaux les huient
Et Pan les poursuit.
Les oiselets bruyent,
Les cerfs aux bois ruyent
Les champs s'enjolient,
Tous éléments rient
Quand Aurora luit.