Déjà, dans mon âme éperdue, La mort répandant ses terreurs, Présentait par tout à ma vue Et ses tourments et ses horreurs : Ma perte était inévitable ; J'invoquai ton nom redoutable, Et tu fus sensible à mes cris : Tu vis leur trame sacrilège, Et ta pitié rompit le piège Où leurs complots m'avaient surpris.
Tu dis : et ta voix déconcerte L'ordre éternel des éléments ; Sous tes pas la terre entrouverte, Voit chanceler ses fondements. Dans sa frayeur le ciel s'abaisse ; Devant ton trône une ombre épaisse Te dérobe aux yeux des vivants ; Des Chérubins, dans le silence, L'aile s'étend ; ton char s'élance A travers les feux et les vents.
Au devant des pâles victimes Que poursuit ton glaive perçant, Prête à sortir de ses abîmes, La mer accourt en mugissant ; Intéressés à ta vengeance, Tous les fléaux, d'intelligence S'unissent pour leur châtiment : Du monde, près de se dissoudre, Le chaos en proie à la foudre, N'est plus qu'un vaste embrasement.[...]