Quel charme vainqueur du monde Vers Dieu m'élève aujourd'hui ? Malheureux l'homme, qui fonde Sur les hommes son appui. Leur gloire fuit, et s'efface En moins de temps que la trace Du vaisseau qui fend les mers, Ou de la flèche rapide, Qui loin de l'oeil qui la guide Cherche l'oiseau dans les airs.
De la Sagesse immortelle La voix tonne, et nous instruit, Enfants des hommes, dit-elle, De vos soins quel est le fruit ? Par quelle erreur, Ames vaines, Du plus pur sang de vos veines Acceptez-vous si souvent, Non un pain qui vous repaisse, Mais une ombre, qui vous laisse Plus affamés que devant ?
Le pain que je vous propose Sert aux Anges d'Aliment : Dieu lui-même le compose De la fleur de son froment. C'est ce pain si délectable Que ne sert point à sa table Le Monde que vous suivez. Je l'offre à qui veut me suivre. Approchez. Voulez-vous vivre ? Prenez, mangez, et vivez.
O Sagesse, ta parole Fit éclore l'Univers, Posa sur un double Pôle La Terre au milieu des Mers. Tu dis. Et les Cieux parurent, Et tous les Astres coururent Dans leur ordre se placer. Avant les Siècles tu règnes. Et qui suis-je que tu daignes Jusqu'à moi te rabaisser ?
Le Verbe, image du Père, Laissa son trône éternel. Et d'une mortelle Mère Voulut naître homme, et mortel. Comme l'orgueil fut le crime Dont il naissait la Victime, Il dépouilla sa splendeur, Et vint pauvre et misérable, Apprendre à l'homme coupable Sa véritable grandeur.
L'âme heureusement captive Sous ton joug trouve la paix, Et s'abreuve d'une eau vive Qui ne s'épuise jamais. Chacun peut boire en cette onde. Elle invite tout le monde. Mais nous courons follement, Chercher des sources bourbeuses, Ou des citernes trompeuses D'où l'eau luit à tout moment.