Un mois s'ensauve, un autre arrive. Le temps court comme un lévrier. Déjà le roux genévrier A grisé la première grive. Bon soleil, laissez-vous prier, Faites l'aumône ! Donnez pour un sou de rayons. Faites l'aumône A deux pauvres vieux papillons.
La poudre d'or qui nous décore N'a pas perdu toutes couleurs, Et malgré l'averse et ses pleurs Nous aimerions à faire encore Un petit tour parmi les fleurs. Faites l'aumône ! Donnez pour un sou de rayons. Faites l'aumône A deux pauvres vieux papillons.
Qu'un bout de soleil aiguillonne Et chauffe notre corps tremblant, On verra le papillon blanc Baiser sa blanche papillonne, Papillonner papillolant. Faites l'aumône ! Donnez pour un sou de rayons. Faites l'aumône A deux pauvres vieux papillons.
Mais, hélas ! les vents ironiques Emportent notre aile en lambeaux. Ah ! du moins, loin des escarbots, Ô violettes véroniques, Servez à nos coeurs de tombeaux. Faites l'aumône ! Gardez-nous des vers, des grillons. Faites l'aumône A deux pauvres vieux papillons.