Dans le décor de la tapisserie ancienne La chatelaine est roide et son corsage est long. Un grand voile de lin pend jusqu'à son talon Du bout de son bonnet pointu de magicienne.
Aux accords d'un rebec la belle musicienne Chante son chevalier, le fier preux au poil blond Qui combat sans merci le Sarrazin félon. Elle garde sa foi comme il garde la sienne.
Il reviendra quand il aura bien mérité De cueillir le lis blanc de sa virginité. Peut-être il restera dix ans, vingt ans loin d'elle.
Et s'il ne revient pas, s'il périt aux lieux saints, Elle mourra dans son serment, chaste et fidèle, Et nul n'aura fondu la neige de ses seins.