Pour me conduire au Raz, j'avais pris à Trogor Un berger chevelu comme un ancien Évhage ; Et nous foulions, humant son arome sauvage, L'âpre terre kymrique où croît le genêt d'or.
Le couchant rougissait et nous marchions encor, Lorsque le souffle amer me fouetta le visage ; Et l'homme, par-delà le morne paysage Étendant un long bras, me dit : Senèz Ar-Mor !
Et je vis, me dressant sur la bruyère rose, L'Océan qui, splendide et monstrueux, arrose Du sel vert de ses eaux les caps de granit noir ;
Et mon coeur savoura, devant l'horizon vide Que reculait vers l'Ouest l'ombre immense du soir, L'ivresse de l'espace et du vent intrépide.