Le Garumne a bâti sa rustique maison Sous un grand hêtre au tronc musculeux comme un torse Dont la sève d'un Dieu gonfle la blanche écorce. La forêt maternelle est tout son horizon.
Car l'homme libre y trouve, au gré de la saison, Les faînes, le bois, l'ombre et les bêtes qu'il force Avec l'arc ou l'épieu, le filet ou l'amorce, Pour en manger la chair et vêtir leur toison.
Longtemps il a vécu riche, heureux et sans maître, Et le soir, lorsqu'il rentre au logis, le vieux Hêtre De ses bras familiers semble lui faire accueil ;
Et quand la Mort viendra courber sa tête franche, Ses petits-fils auront pour tailler son cercueil L'incorruptible coeur de la maîtresse branche.