La rivière s'écoule avec lenteur. Ses eaux Murmurent, près du bord, aux souches des vieux aulnes Qui se teignent de sang ; de hauts peupliers jaunes Sèment leurs feuilles d'or parmi les blonds roseaux.
Le vent léger, qui croise en mobiles réseaux Ses rides d'argent clair, laisse de sombres zones Où les arbres, plongeant leurs dômes et leurs cônes, Tremblent, comme agités par des milliers d'oiseaux.
Par instants se répète un cri grêle de grive, Et, lancé brusquement des herbes de la rive, Etincelle un joyau dans l'air limpide et bleu ;
Un chant aigu prolonge une note stridente ; C'est le martin-pêcheur qui fuit d'une aile ardente Dans un furtif rayon d'émeraude et de feu.