N'achevez pas la ritournelle, En prêtant au piano vos ailes, Ô mad'moiselle du premier. Ça me rappelle l'Hippodrome, Où cet air cinglait un pauvre homme Déguisé en clown printanier.
Sa perruque arborait des roses, Mais, en son masque de chlorose, Le trèfle noir manquait de nez ! Il jonglait avec des coeurs rouges Mais sa valse trinquait aux bouges Où se font les enfants mort-nés.
Et cette valse, ô mad'moiselle, Vous dit les Roland, les dentelles Du bal qui vous attend ce soir !.... - Ah ! te pousser par tes épaules Décolletées, vers de durs pôles Où je connais un abattoir !
Là, là, je te ferai la honte ! Et je te demanderai compte De ce corset cambrant tes reins, De ta tournure et des frisures Achalandant contre-nature Ton front et ton arrière-train.
Je te crierai : " Nous sommes frères ! " " Alors, vêts-toi à ma manière, " Ma manière ne trompe pas ; " Et perds ce dandinement louche " D'animal lesté de ses couches, " Et galopons par les haras !
Oh ! vivre uniquement autochtones Sur cette terre (où nous cantonne Après tout notre être tel quel !) Et sans préférer, l'âme aigrie, Aux vers luisants de nos prairies Les lucioles des prés du ciel ;
Et sans plus sangloter aux heures De lendemains, vers des demeures Dont nous nous sacrons les élus. Ah ! que je vous dis, autochtones ! Tant la vie à terre elle est bonne Quand on n'en demande pas plus.