La terre verdissait, qui venait d'émerger Des primitives eaux. L'antre au sombre orifice Était, en ces jours-là, son unique édifice, Et l'homme vagabond y pouvait héberger.
Or, deux frères vivaient : un semeur, un berger. Ils offrirent à Dieu le premier sacrifice. Le berger fut béni. L'autre, usant d'artifice, L'attira sur son coeur afin de l'égorger,
La terre qui grandit dans la magnificence, S'enivre encore, hélas ! du sang de l'innocence, Et garde la blessure ouverte dans son sein.
Et le bien et le mal seront toujours en lutte ; Et les derniers enfants de la dernière hutte Seront peut-être encore un Abel, un Caïn.