Homme est un mot qui ne caractérise Qu'un animal, ainsi qu'ours et lion ; Son naturel est erreur et sottise, Malignité, superbe, ambition ; Il naît et meurt ; et mort, on le méprise. De son destin orgueilleux, on le voi Fouler la terre en pays de conquête, Que la raison a soumis à sa loi ; Il n'est plus que la première bête De ce séjour dont il se dit le Roi. Maître du monde, esclave de lui-même, Il creuse tout, et ne sait ce qu'il est ; Son coeur, pétri d'orgueil et d'intérêt, Craint ce qu'il hait, méprise ce qu'il aime. Impudemment il appelle vertu Le crime sourd d'un sophisme vêtu. Son amour-propre inventa l'apparence ; L'intérêt vil lui donna la prudence, Et sa raison n'est qu'un noir composé D'orgueil adroit, d'orgueil intéressé. L'or animé dans ses veines palpite ; L'or est son coeur ; c'est le Dieu qui l'agite ; Sa voix le traîne au travers des dangers, Pour s'engraisser sur des bords étrangers. L'or inventa les Arts, l'Astronomie, Et l'Avarice est mère du Génie.