Ce n'est pas le vent seul, quand montent les marées, Qui se lamente ainsi dans les goémons verts, C'est l'éternel sanglot des races éplorées ! C'est la plainte de l'homme englouti sous les mers.
Ces débris ont vécu dans la lumière blonde ; Avant toi, sur la terre ils ont marqué leurs pas. Contemple avec effroi ce qui reste d'un monde, Et d'un pied dédaigneux ne les repousse pas.
Ne les méprise pas ! Tu connaîtras toi-même, Sous ce soleil plus large étalé dans tes cieux, Ce qu'il faut de douleur pour crier un blasphème Et ce qu'il faut d'amour pour pardonner aux dieux !
Ne les méprise pas ! Les destins inflexibles Ont posé la limite à tes pas mesurés ; Vers le rayonnement des choses impassibles Tu tendras comme nous des bras désespérés.
Tu n'es pas le dernier ! D'autres viennent encore Qui te succéderont dans l'immense avenir ; Toujours sur les tombeaux se lèvera l'aurore Jusqu'au temps inconnu qui ne doit pas finir !