Je l'ai rêvé ? c'eût été beau De s'appeler ta bien-aimée ; D'entrer sous ton aile enflammée, Où l'on monte par le tombeau : Il résume une vie entière, Ce rêve lu dans un regard : Je sais pourtant que ta paupière En troubla mes jours par hasard.
Non, tu ne cherchais pas mes yeux Quand tu leur appris la tendresse ; Ton coeur s'essayait sans ivresse, Il avait froid, sevré des cieux : Seule aussi dans ma paix profonde, Vois-tu ? j'avais froid comme toi, Et ta vie, en s'ouvrant au monde, Laissa tomber du feu sur moi.
Je t'aime comme un pauvre enfant Soumis au ciel quand le ciel change ; Je veux ce que tu veux, mon ange, Je rends les fleurs qu'on me défend. Couvre de larmes et de cendre, Tout le ciel de mon avenir : Tu m'élevas, fais-moi descendre ; Dieu n'ôte pas le souvenir !