Veux-tu recommencer la vie ? Femme, dont le front va pâlir, Veux-tu l'enfance, encor suivie D'anges enfants pour l'embellir ? Veux-tu les baisers de ta mère Echauffant tes jours au berceau ? - "Quoi ? mon doux Eden éphémère ? Oh ! oui, mon Dieu ! c'était si beau !"
Sous la paternelle puissance Veux-tu reprendre un calme essor ? Et dans des parfums d'innocence Laisser épanouir ton sort ? Veux-tu remonter le bel âge, L'aile au vent comme un jeune oiseau ? - "Pourvu qu'il dure davantage, Oh ! oui, mon Dieu ! c'était si beau !"
Veux-tu rapprendre l'ignorance Dans un livre à peine entr'ouvert : Veux-tu ta plus vierge espérance, Oublieuse aussi de l'hiver : Tes frais chemins et tes colombes, Les veux-tu jeunes comme toi ? - "Si mes chemins n'ont plus de tombes, Oh ! oui, mon Dieu ! rendez-les moi !"
Reprends-donc de ta destinée, L'encens, la musique, les fleurs ? Et reviens, d'année en année, Au temps qui change tout en pleurs ; Va retrouver l'amour, le même ! Lampe orageuse, allume-toi ! "- Retourner au monde où l'on aime... O mon Sauveur ! éteignez-moi !"