Du frais matin la brillante lumière, L'ardent midi, l'adieu touchant du jour, La nuit qui vient plus douce à ma paupière Pâle et sans bruit rêver avec l'amour, Le temps jaloux qui trompe et qui dévore, L'oiseau captif qui languit près de moi, Tout ce qui passe, et qu'à peine je voi, Me trouve seul... seul ! Mais vivant encore De toi !
Des arts aimés quand l'essaim m'environne, L'ennui secret les corrompt et m'atteint. En vain pour moi la fête se couronne : La fête pleure et le rire s'éteint. L'unique asile où tu me sois restée, Le sanctuaire où partout je te voi, Ah ! C'est mon âme en secret visitée Par toi !
La gloire un jour a distrait mon jeune âge ; En te cherchant j'ai perdu son chemin. Comme à l'aimant je vais à ton image ; L'ombre est si belle où m'attire ta main ! Ainsi qu'aux flots les barques se balancent, Mes ans légers ont glissé loin de moi ; Mais à présent dans tout ce que je voi, Mes yeux, mon coeur, mes voeux, mes pas s'élancent Vers toi !
Je dis ton nom dans ma gaîté rendue, Je dis ton nom quand je rapprends les pleurs ; Dans le désert la colombe perdue Ne sait qu'un chant pour bercer ses douleurs. Égide chère à ma vie embrasée, Le monde en vain jette ses maux sur moi ; Mon âme un jour sera calme ou brisée Par toi !