Les yeux qui me surent prendre Sont si doux et rigoureux Que mon coeur n'ose entreprendre De s'en montrer langoureux. Il se sent mourir pour eux Et feint d'être sans douleur. Ô que celui est heureux Qui peut dire son malheur !
Le temps, qui tout mal apaise, Rend le mien plus vigoureux, Et fait que rien ne me plaise, Sinon d'être douloureux. Mon pleur large et plantureux Nourrit ma flamme et chaleur : Ô que celui est heureux A qui déplaît son malheur !
D'amour je ne me veux plaindre Ni du sort aventureux ; Ni la mort je ne puis craindre, Car j'ai mal plus dangereux. Un bien me fait malheureux, Dont j'ai perdu la valeur Celui au prix est heureux Qui n'eut jamais que malheur !