Dent, qui te montres en riant Comme un diamant d'Orient Dent précieuse et déliée, Que nature a si bien liée En celui ordre où tu reposes Qu'on ne peut voir plus belle chose Dent blanche comme cristal, voire Ainsi que neige, ou blanc ivoire ; Dent qui sens bon comme fait baume, Dont la beauté vaut un royaume ; Dent qui fais une bouche telle Comme fait une perle belle Un bien fin or bouté en aeuvre ; Dent que souvent cache et découvre Cette belièvre purpurine, Tu fais le reste être divine, Quand on te voit à découvert. Mais, dent, quand ton pris est couvert Le demeurant moins beau ressemble, Car son honneur est, ce me semble, Luisant ainsi que perle nette, Qui reluit comme une planète, Encore plus fort que la lune ; En tout le monde n'en est une Qui soit si parfaite que toi. Je te promets quand je te vois, Comme au premier que je te vis, je suis tout transi et ravi, Et cuide au vrai, te regardant, Que ce soit un soleil ardent Qui se découvre des nuées. De l'odeur qui belle dent rache, Garde-toi bien qu'on ne t'arrache, Car pour vrai qui t'arracherait, Plusieurs et moi il fâcherait Pourtant que l'arracheur méchant Arracherait en t'arrachant, La beauté de toute la face, Qui n'a sans toi aucune grâce.