Avecques mon amour naît l'amour de changer. J'en aime une au matin ; l'autre au soir me possède. Premier qu'avoir le mal, je cherche le remède, N'attendant être pris pour me désengager.
Sous un espoir trop long je ne puis m'affliger ; Quand une fait la brave, une autre lui succède ; Et n'aime plus longtemps la belle que la laide : Car dessous telles lois je ne veux me ranger.
Si j'ai moins de faveur, j'ai moins de frénésie ; Chassant la passion hors de ma fantaisie, À deux, en même jour, je m'offre et dis adieu.
Mettant en divers lieux l'heur de mes espérances, Je fais peu d'amitiés et bien des connaissances ; Et me trouvant partout je ne suis en nul lieu.