Pour veiller ce soir d'hiver Verse le thé, plus amer Et violent que le fer, Où est le plaisir des sages. Tu te penches sur ce thé Tu y cherches la santé Les vertus, la vérité D'une eau vive et sans nuages.
Or un visage sans prix Comme de l'or dépoli Apparaît et te sourit Dans la liqueur agitée - Ce ne sont pas là tes yeux Mais d'un messager des dieux Le silence sérieux L'ombre à peine dessinée...
Une confidence pure De l'adorable figure S'élève, dans un murmure Que tu ne veux écouter, - Et, sans plus d'inquiétude, Pour une moins fine étude Tu reprends ta solitude, - Tu bois le reste du thé.
Va ! Détourne ton regard Des merveilles du hasard Mais tu pleureras plus tard, Homme vaniteux et vide, Ce visage qui chantait Sans le dire, le secret D'un si étrange reflet Dans ce peu de thé limpide.
- Oui, tu empoignes la lyre ! Mais tu ne sais plus sourire, Et ce sonore délire Stupide nous touche peu. A ta chanson toute prête Manque une vertu secrète Pour être vraiment poète Il faut compter avec Dieu.