Bienheureux est celuy, qui loing de la cité Vit librement aux champs dans son propre heritage, Et qui conduyt en paix le train de son mesnage, Sans rechercher plus loing autre felicité. Il ne sçait que veult dire avoir necessité, Et n'a point d'autre soing que de son labourage, Et si sa maison n'est pleine de grand ouvrage, Aussi n'est-il grevé de grand' adversité. Ores il ante un arbre, et ores il marye Les vignes aux ormeaux, et ore en la prairie Il desbonde un ruisseau pour l'herbe en arouzer : Puis au soir il retourne, et souppe à la chandelle Avecques ses enfans et sa femme fidelle, Puis se chaufe ou devise et s'en va reposer.