Ô vraie amour, dont je suis prise, Comment m'as-tu si bien apprise, Que de mon jour tant me contente, Que je n'en espère autre attente, Que celle de ce doux amer, Pour me guérir du mal d'aimer ?
Du bien j'ai eu la jouissance, Dont il m'a donné connaissance Pour m'assurer de l'amitié, De laquelle il tient la moitié : Doncques est-il plus doux qu'amer, Pour me guérir du mal d'aimer.
Hélas, ami, en ton absence Je ne puis avoir assurance Que celle dont - pour son plaisir - Amour caut me vient dessaisir Pour me surprendre, et désarmer : Guéris-moi donc du mal d'aimer !