Ô Songe heureux et doux ! où fuis-tu si soudain, Laissant à ton départ mon âme désolée ? Ô douce vision, las ! où es-tu volée, Me rendant de tristesse et d'angoisse si plein ?
Hélas ! Somme trompeur, que tu m'es inhumain ! Que n'as-tu plus longtemps, ma paupière sillée ? Que n'avez-vous encore, ô vous, troupe étoilée, Empêché le soleil de commencer son train ?
Ô Dieu ! permettez-moi que toujours je sommeille, Si je puis recevoir une autre nuit pareille, Sans qu'un triste réveil me débande les yeux.
Le proverbe dit vrai : Ce qui plus nous contente Est suivi pas à pas d'un regret ennuyeux : Et n'y a chose aucune en ce monde constante.