Si la loi des amours saintement nous assemble, Avec un seul esprit nous faisant respirer, L'outrage du malheur se peut-il endurer, Qui si cruellement nous arrache d'ensemble ?
Je ne vous vois jamais, mon coeur, que je ne tremble, Appréhendant l'effort qui nous doit séparer : Et n'ose bien souvent vos regards désirer, Tant l'éclipse qui suit ténébreuse me semble !
Toutefois quand les corps n'ont moyen de se voir L'âme pourtant n'est serve, et peut à son vouloir Voleter invisible où la guident ses flammes.
Chassons donc notre angoisse, ô seul bien de mes yeux, Et vivant désormais comme l'on vit aux cieux, Sans plus penser aux corps, faisons l'amour des âmes.