... Je sais ce que je vaux, et crois ce qu'on m'en dit. Pour me faire admirer je ne fais point de ligue : J'ai peu de voix pour moi, mais je les ai sans brigue ; Et mon ambition, pour faire plus de bruit, Ne les va point quêter de réduit en réduit ; Mon travail sans appui monte sur le théâtre ; Chacun en liberté l'y blâme ou l'idolâtre. Là, sans que mes amis prêchent leurs sentiments, J'arrache quelquefois trop d'applaudissements ; Là, content du succès que le mérite donne, Par d'illustres avis je n'éblouis personne ; Je satisfais ensemble et Peuple et Courtisans ; Et mes vers en tous lieux sont mes seuls partisans ; Par leur seule beauté ma plume est estimée ; Je ne dois qu'à moi seul toute ma renommée, Et pense, toutefois, n'avoir point de rival A qui je fasse tort en le traitant d'égal...