Nuit, des amours ministre et sergente fidele Des arrests de Venus, et des saintes lois d'elle, Qui secrete acompaignes L'impatient ami de l'heure acoutumée, Ô l'aimée des Dieus, mais plus encore aimée Des étoiles compaignes,
Nature de tes dons adore l'excellence, Tu caches lés plaisirs desous muet silence Que l'amour jouissante Donne, quand ton obscur étroitement assemble Les amans embrassés, et qu'ils tumbent ensemble Sous l'ardeur languissante.
Lors que l'amie main court par la cuisse, et ores Par les tetins, ausquels ne s'acompare encores Nul ivoire qu'on voie, Et la langue en errant sur la joüe, et la face, Plus d'odeurs, et de fleurs, là naissantes, amasse Que I'Orient n'envoie.
C'est toi qui les soucis, et les gennes mordantes, Et tout le soin enclos en nos ames ardantes Par ton present arraches. C'est toi qui rens la vie aus vergiers qui languissent, Aus jardins la rousée, et aus cieus qui noircissent Les idoles attaches.
Mai, si te plaist déesse une fin à ma peine, Et donte sous mes braz celle qui est tant pleine De menasses cruelles. Affin que de ses yeus (yeus qui captif me tiennent) Les trop ardens flambeaus plus bruler ne me viennent Le fond de mes mouelles.