Ah fievreuse maladie, Coment es-tu si hardie D'assaillir mon pauvre cors Qu'amour dedans et dehors De nuit et de jour m'enflame, Jusques au profond de l'ame ; Et sans pitié prend à jeu De le mettre tout en feu : Ne crains-tu point vieille blême Qu'il ne te brule toimême ? Mais que cerches-tu chés moi ? Sonde moi partout, et voi Que je ne suis plus au nombre Des vivans, mais bien un ombre De ceus qu'amour et la mort Ont conduit delà le port Compagnons des troupes vaines Je n'ay plus ni sang, ni venes, Ni flanc, ni poumons, ni coeur, Long tems a que la rigueur De ma trop fiere Cassandre Me les a tournés en cendre. Donq, si tu veux m'offencer, Il te faut aller blesser Le tendre cors de m'amie, Car en elle gist ma vie, Et non en moi, qui mort suis, Et qui sans ame ne puis Sentir chose qu'on me face, Non plus qu'une froide mace De rocher, ou de metal, Qui ne sent ne bien ne mal.