Je veux m'enfermer seul avec mon souvenir, Immobile, oublieux des rafales d'automne Qui font les frondaisons se rouiller et jaunir Et de la mer roulant sa plainte monotone ; Je veux m'enfermer seul avec mon souvenir.
Le demi-jour filtrant des étoffes tendues Sera doux et propice à mon coeur nonchalant, Quand je l'évoquerai du fond des étendues, Et sa voix emplira d'un hymne grave et lent Le demi-jour filtrant des étoffes tendues.
J'aurai la vision chère devant les yeux : Le souffle parfumé de l'ineffable Absente Flottera pour moi seul dans l'air silencieux Subtil comme une odeur de fraise dans la sente ; J'aurai la vision chère devant les yeux.
Et je dirai tout bas ma tendresse latente ; Ô coeur lâche, tremblant et révolté, je veux Que ton intime amour se révèle et la tente : Tu te résigneras à l'effroi des aveux Et je dirai tout bas ma tendresse latente.