Le mystère des nuits exalte les coeurs chastes ! Ils y sentent s'ouvrir comme un embrassement Qui, dans l'éternité de ses caresses vastes, Comble tous les désirs, dompte chaque tourment.
Le parfum de la nuit enivre le coeur tendre ! La fleur qu'on ne voit pas a des baumes plus forts... Tout sens est confondu : l'odorat croit entendre ! Aux inutiles yeux tous les contours sont morts.
L'opacité des nuits attire le coeur morne ! Il y sent l'appeler l'affinité du deuil ; Et le regard se roule aux épaisseurs sans borne Des ombres, mieux qu'aux cieux où toujours veille un oeil !
Le silence des nuits panse l'âme blessée ! Des philtres sont penchés des calices émus ; Et vers les abandons de l'amour délaissée D'invisibles baisers lentement se sont mus.
Pleurez dans ce repli de la nuit invitante, Vous que la pudeur fière a voués au cil sec, Vous que nul bras ami ne soutient et ne tente Pour l'aveu des secrets... - pleurez ! pleurez avec
Avec l'étoile d'or que sa douceur argente, Mais qui veut bien, là-bas, laisser ce coin obscur, Afin que l'oeil tari d'y sangloter s'enchante Dans un pan du manteau qui le cache à l'azur !