Ô divine Inconstance, aie pitié de moi Guéris en me blessant ma plaie et mon émoi, Pardonne le dépit de mon âme pressée, Pardonne-lui les maux qu'au premier offensée, Elle a vomi sur toi frénétique en courroux. Change sa volonté, ton nom lui sera doux, Et comme j'ai tourné le médire en louange, Fais qu'un coeur amoureux à n'aimer plus se change. Je te ferai rouler un autel d'un ballon, J'immolerai dessus des feuilles qu'Aquilon Ton père nous fait choir au pluvieux automne, Je t'offrirai de l'air d'une cloche qui sonne, Et le coq qui virait sur le haut du clocher, Dansant de cent façons ; je courrai te chercher De l'eau et du savon, et ferai à merveilles D'une paille fendue envoler des bouteilles ; J'offrirai du duvet, plumes, fleurs et chardons, Et de l'eau de la mer et des petits glaçons, Un caméléon tout vif, et au lieu de paroles, Je dirai sans propos cent mille fariboles, Et sacrant tout cela à ton nom immortel Je brûlerai encor et le temple et l'autel [...]