Vous à qui des fraisches vallees Pour moy si durement gelees Ouvrent les fontaines de vers, Vous qui pouvez mettre en peinture Le grand object de l'Univers Et tous les traicts de la nature,
Beaux esprits si chers à la gloire, Et sans qui l'oeil de la memoire Ne sçauroit rien trouver de beau, Escoutez la voix d'un Poëte Que les alarmes du tombeau Rendent à chasque fois muette.
Vous sçavez qu'une injuste race Maintenant fait de ma disgrace Le jouët d'un zele trompeur, Et que leurs perfides menees, Dont les plus resolus ont peur, Tiennent mes Muses enchaisnees.
S'il arrive que mon naufrage Soit la fin de ce grand orage Dont je voy mes jours menassez, Je vous conjure ô trouppe saincte Par tout l'honneur des trespassez, De vouloir achever ma plainte. [...]