C'est la mer : - calme plat - et la grande marée, Avec un grondement lointain, s'est retirée. Le flot va revenir, se roulant dans son bruit. Entendez-vous gratter les crabes de la nuit ?
C'est le Styx asséché : le chiffonnier Diogène, La lanterne à la main, s'en vient errer sans gêne. Le long du ruisseau noir, les poètes pervers Pêchent : leur crâne creux leur sert de boîte à vers.
C'est le champ : pour glaner les impures charpies S'abat le vol tournant des hideuses harpies. Le lapin de gouttière, à l'affût des rongeurs Fuit les fils de Bondy, nocturnes vendangeurs.
C'est la mort : la police gît. - En haut, l'amour Fait la sieste en têtant la viande d'un bras lourd Où le baiser éteint laisse sa plaque rouge. L'heure est seule. - Ecoutez : ... pas un rêve ne bouge.
C'est la vie : écoutez : la source vive chante L'éternelle chanson sur la terre gluante D'un dieu marin tirant ses membres nus et verts Sur le lit de la morgue... et les yeux grands ouverts !