Jeanne songeait, sur l'herbe assise, grave et rose ; Je m'approchai : - Dis-moi si tu veux quelque chose, Jeanne ? - car j'obéis à ces charmants amours, Je les guette, et je cherche à comprendre toujours Tout ce qui peut passer par ces divines têtes. Jeanne m'a répondu : -je voudrais voir des bêtes. Alors je lui montrai dans l'herbe une fourmi. Vois ! - Mais Jeanne ne fut contente qu'à demi. - Non, les bêtes, c'est gros, me dit-elle.
Leur rêve, C'est le grand. L'océan les attire à sa grève, Les berçant de son chant rauque, et les captivant Par l'ombre, et par la fuite effrayante du vent ; Ils aiment l'épouvante, il leur faut le prodige. - Je n'ai pas d'éléphant sous la main, répondis-je. Veux-tu quelque autre chose ? ô Jeanne, on te le doit ! Parle. - Alors Jeanne au ciel leva son petit doigt. - Ça, dit-elle. - C'était l'heure où le soir commence. Je vis à l'horizon surgir la lune immense.