Printemps. Mai le décrète, et c'est officiel. L'amour, cet enfer bleu très ressemblant au ciel, Emplit l'azur, les champs, les prés, les fleurs, les herbes ; Dans les hautes forêts lascives et superbes L'innocente nature épanouit son coeur Simple, immense, insulté par le merle moqueur. La volonté d'aimer règne, surnaturelle, Partout. - Comme on s'adore et comme on se querelle ! Les papillons, lâchés dans le bois ingénu, Font avec le premier bouton de fleur venu Des infidélités aux roses, leurs amantes ; On entend murmurer les colères charmantes, Et tous les grands courroux des belles s'apaiser Dans le chuchotement auguste du baiser. Ô but profond des cieux, la vie universelle ! Comme, afin que tout soit solide, tout chancelle ! Comme tout cède afin que tout dure ! ô rayons L'idylle en souriant dit au gouffre : Essayons ! Et le gouffre obéit, et la mer sombre adore. Le germe éclôt, le nid chante, l'azur se dore ; L'éternelle indulgence au fond du firmament Rêve ; et les doux fichus s'envolent vaguement.